Monophonic

Ceci n’est pas un trombone. Quoique… Chaque piste de ce disque solo met en scène un phénomène sonore unique, sans développement ou extrapolation. La compositrice et improvisatrice laisse sonner la matière, comme si elle se mettait à prendre son autonomie, son existence propre. Au travers des effets que Maria Bertel ajoute à son instrument, on devine par moments le grain du trombone. Du cuivre originel, il ne reste que le souffle, la musicienne laissant entendre sa respiration, par instants, par inadvertance peut-être. Car tout sonne comme si l’on devait oublier le trombone pour entrevoir un instrument hybride, nous rappelant par moments une guitare « doom », un circuit-bending noise, un drone électronique ou une flûte harmonique sur-saturée.
On oscille entre la constance des sons continus et l’instabilité des matières obtenues : parasites chaotiques, grumeaux aléatoires, cris stochastiques. À partir d’un instrument au départ monophonique, ne pouvant émettre qu’un seul son, Maria Bertel déploie alors des stratégies pour que le trombone devienne multiphonique, polyphonique. « Pluriphonique » ?

Clément Lebrun

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