Oliver Wood

Derrière cette silhouette de chat dodu se dessine un deuxième album solo des plus attachants, comme l’était déjà “Always Smilin’” (2021). Pétrie live en studio en petit comité, la matière sonore hautement organique est couchée sur bande analogique. Le frontman des Wood Brothers reste fidèle à ce qu’il ressent le mieux, à cette magie de l’interaction saisie sur le vif. Malicieusement ficelé par le sorcier Jano Rix, ici plus percussionniste que batteur, “Fat Cat Silhouette” trace un relief bien à lui. Syncope brinquebalante, chant buriné à dominante country, soul et folk, guitare cabossée en embuscade, basse épaisse, élastique et juteuse à souhait (Ted Pecchio) : tout cela s’emboîte et danse allègrement dès ce Light and sweet qui nous embarque dans sa petite mosaïque d’histoires faites de morceaux de vie. Avec cette voix d’abord escortée par une flûte champêtre et un énorme tambour, Whom I adore rebat les cartes en invoquant un esprit fife & drums inattendu. Quel entrain ! Et quand sax baryton et sousaphone déboulent en renfort, on touche au grandiose. Porté par un groove irrésistible, Yo I surrender transpire aussi le bonheur de jouer ensemble. Et puis ces autres chansons qui grandissent devant nous. Ce délicat Little worries prend son temps, s’accroît et sublime ses mots joliment agencés. Avançant lentement en équilibre précaire, muni d’une guitare griffante et d’un chœur palpitant, Grab ahold dégage une intensité rare. Belle. Poignante. Tout comme Have you no shame, reprise à son mentor Donnie McCormick pour un duo en compagnie de Katie Pruitt. Poignante aussi la manière dont ce Somebody blues suspend le temps pour dépeindre la douleur liée à la perte d’un être cher. Berceuse au coin du feu qui témoigne d’un amour solide, Fortune drives the bus apporte la dernière touche d’un disque si bien dosé. La force d’un enracinement profond qui puise aux meilleures sources et s’épanouit tous azimuts, s’élevant haut en nous enlaçant fort.

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