Langues et Lueurs

Jean-Paul Delore (voix, conception, adaptation des textes)
Louis Sclavis (composition, clarinettes, accordéon, sanza)
Sébastien Boisseau (composition, contrebasse)

Textes de Sony Labou Tansi, Henri Michaux, Dambudzo Marchera, Mia Couto et Dieudonné Niangouna

L’Afrique au cœur. Directeur artistique du collectif LZD - Lézard Dramatique, directeur des Carnets Nord/Sud, laboratoire itinérant de créations musicales et théâtrales, Jean-Paul Delore a l’Afrique chevillée au corps. Avec ses complices compositeurs et musiciens Louis Sclavis et Sébastien Boisseau, il donne de la voix pour faire corps et donner chair aux textes sans concession de quatre poètes d’Afrique, les francophones S.L. Tansi et D. Niangouna, le mozambicain lusophone Mia Couto et le zimbabwéen D. Marechera. Le poème d’Henri Michaux, Paroles de celui qui étouffe, ne dépareille pas dans cette virée africaine (Téké sent orage et vent et cyclone aujourd’hui).
Ça commence en douceur, mais ça explose vite dès le premier texte de Tansi (Monsieur Rimbaud / Je vous le dis droit dans l’âme / Ce monde est mort / Y compris la France) ; ça halète puis s’apaise sur le Michaux ; ça remonte la mémoire du météore zimbabwéen Marechera (dont le recueil La maison de la faim vient d’être retraduit aux éditions Project’ïles) dans un texte narratif tant réaliste que fantasmé, qui s’achève sur un magnifique duo de 6’30 associant la clarinette de Scalvis et la contrebasse de Boisseau ; ça valse lentement sur le Niangouna, mode d’emploi de la baise ; ça avance par à-coups (de poing) sur l’autre Tansi (Je suis / intentionnellement humain / humain contre la bêtise / humain contre le mauvais / sang). Ça se clôt par L’Adieusiste, du grand écrivain mozambicain Mia Couto : parole d’une femme à son mari parti (Toute ma vie j’ai cru : l’amour c’est les deux multipliant par un. Mais aujourd’hui je sens : être un c’est encore beaucoup), longue prose dite avec douceur, par un Jean-Paul Delore apaisé, qui montre là toute l’étendue de son talent de conteur et de diseur de poésie.

Jacques Fournier

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