Bernard Cavanna
Bernard Cavanna (né en 1951) fait entrer le monde dans sa musique, portes grandes ouvertes. Il refuse en cela la pureté du monde clos, lui préfère l’hétérogénéité, le pavé dans la mare. C’est une musique qui dérange – voir, dès 1993, sa Messe un jour ordinaire, où le texte liturgique se frotte aux mots d’une toxicomane, les deux s’entraînant vers des résonances nouvelles. L’ordonnancement classique ne peut
résister : dans ses Geek Bagatelles (2016), qui font dialoguer l’orchestre symphonique et son image déformée par un ensemble de smartphones, la Neuvième Symphonie se trouve réduite à l’état de ruines.
Orchestrer, pour Bernard Cavanna, c’est créer le chaos et dans ce chaos trouver un équilibre. Sa musique s’exprime sans fard – c’est pour cela qu’elle est éclairante – et particulièrement dans le genre concertant, par la recherche d’une harmonie subtile entre le lourd et le léger, la brutalité et la poésie. Dans la fréquentation de ses interprètes, le compositeur puise beaucoup de la force expressive de ses œuvres :
son écriture pour le violon est, dit-il, consubstantielle au jeu de Noëmi Schindler, créatrice à vingt ans d’intervalle du Concerto n° 1 (1999) et de Scordatura (2019). La musique est avant tout une aventure humaine.