L’Arlésienne / d’Alphonse Daudet
Un « seul en scène » hors normes. Enregistré lors du Festival d’Avignon, cette Arlésienne relève de la performance théâtrale que le comédien explique dans l’introduction : « De quoi s’agite-t-il là sinon de "voir les voix" et tenter de "les faire voir". L’art de la mise en scène attendra. »
Quand le théâtre devient voix et seulement voix : parce qu’ici Mesguich interprète, seul, tous les personnages du chef-d’œuvre de Daudet, non la courte nouvelle extraite du recueil Les Lettres de mon Moulin, mais ceux de la pièce créée trois ans plus tard, en 1872, sur une musique, devenue célèbre, de Georges Bizet.
Le comédien est tour à tour le jeune Frédéri, sa mère Rose, son grand-père Mamaï, la jolie et discrète Vivette, Jeannet l’innocent, le patron Marc, Balthazar, le vieux berger, Mitifio, le gardian, donnant voix, donc corps à ces personnages qui partagent dans le même espace de vie, le domaine familial, le drame de l’amour, celui de Frédéri pour une Arlésienne, éternelle absente dont tout le monde parle et qui jamais ne paraît.
Le comédien passe d’une voix à l’autre, intercalant sans peine les didascalies, avec une aisance bluffante. On suit sans l’interrompre le récit de ce drame, qui mène à l’inéluctable.
Jacques Fournier