La harpe de la reine, ou le journal intime de Marie-Antoinette

Texte : Carl Norac
Narration : Marianne Hands
Musique : les Arts florissants
Direction : William Christie
Harpe : Xavier de Maistre
Illustrations : Eric Puybaret

Pas si facile le métier de reine, surtout lorsqu’on est obligé de l’exercer loin de chez soi et depuis l’enfance : c’est pourtant le destin de Marie-Antoinette, future femme de Louis XVI dont l’Histoire, la grande, a retenu un portrait peu flatteur. Le récit frais, juste et poétique, souvent primesautier de Carl Norac réussit à merveille à nous transmettre les faces cachées du métier de reine, tout autant que la passion de Marie-Antoinette pour l’instrument qui l’a accompagnée depuis son départ de Chönbrunn, sa harpe : on suit avec tendresse, pitié, étonnement, le parcours de cette petite fille, venue d’Autriche, qui a quitté son pays, sa famille, devient reine enfant pour entrer à la cour de France, à Versailles , où elle n’est pas la bienvenue et dont elle ne connaît pas les codes. Elle y est soumise à l’étiquette, à la moquerie, et ce qui lui permet de s’évader de ce monde où l’enfance, l’intimité sont piétinées, c’est la musique. Le récit s’arrête avant que la tragédie ne commence, on en sent pourtant déjà les frissons…
La comédienne Marina Hands s’empare avec beaucoup de talent de ce récit, jamais emphatique, au contraire, et nous rend proche ce personnage juvénile de l’Histoire au destin si inhabituel. Elle sait varier les humeurs, passant de la mélancolie au rire, s’emparant d’un texte qui reste pudique et donne ainsi l’impression, avec beaucoup de finesse, que nous sommes les témoins privilégiés des royales confidences.
Les éditeurs sont allés chercher le « must » de l’illustration sonore en empruntant les musiques au répertoire enregistré par l’ensemble Les Arts Florissants, que dirige William Christie. Quant à la harpe, elle est jouée par Xavier de Maistre, le maitre du genre, et de surcroit, un homme ! On leur doit de très belles pages de la musique de l’époque, commanditée ou interprétée par une reine qui fut en effet très musicienne et répandit la mode de l’instrument ! Et les extraits choisis sont de la bonne durée mais laissent tout de même entendre ce que fut la musique du XVIIIe siècle.
Les illustrations d’Eric Puybaret répondent à la délicatesse de l’ouvrage.
Une façon raffinée et captivante de découvrir l’autre côté du miroir de l’Histoire.

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