La femme moustique

Mélancolie Motte
Musique : Julien Vernay

Les contes, même ceux que l’on raconte aux enfants, ne sont pas toujours des histoires paisibles et béates. Ils regorgent parfois de descriptions terribles et d’aventures horrifiques, car le but n’est pas d’apaiser le marmot pour faciliter son endormissement, mais d’ouvrir l’enfant sur la face cachée de tous les combats qu’il aura à mener pour se développer. Mélancolie Motte s’est inspirée de contes traditionnels orientaux pour raconter la légende d’une femme qui se fait moustique, entre dans le nez d’un roi et accepte d’en sortir sous réserve que celui-ci consente à l’épouser. Point de départ pour elle, elle exerce alors son pouvoir d’ogresse sur le monarque en dévorant tout ce qui peut l’empêcher d’exercer sa dictature. Sauf que le dernier enfant des anciennes épouses qu’elle fait mourir successivement va se lever, traverser des épreuves qui vont le faire grandir, et sauver les siens et son pays. La musique, superbe, qui accompagne est essentiellement celle de la voix de Mélanie Motte. Elle « nous » parle et « nous » chante comme si elle était à côté de nous pour nous faire partager un secret qui vient de plus loin qu’elle, de plus loin que nous, un vrai secret d’humanité. La première plage donne le ton : un crissement, « un trou », « un puits », et entre les mots des bribes de silence, qui sont la respiration nécessaire pour que l’on ne coupe pas le fil. La musique « instrumentale » est réduite au minimum primordial : un zizzoiement de moustique au début du conte, quelques ronflements de l’ogresse, un rythme de fuite quand le garçon emporte le foie du bélier, quelques croassements quand il traverse la forêt. La parole domine, c’est la vraie force qui entraîne à écouter de bout en bout, jusqu’au clin d’œil final en forme de claque sur le moustique.

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