Open Land

Un disque d’une grande beauté, signé par le pianiste Bruno Angelini. Beauté singulière, inquiète parfois, mais d’une grande quiétude aussi. Cela commence par un hommage profond et recueilli au pianiste John Taylor, entre requiem et lamento, une lente procession vers l’inaccessible, une quête de l’impalpable, où chaque note est pesée, posée à sa juste place, chaque son dosé, chaque timbre ouvragé. Je ne doute pas une seule seconde que John Taylor aurait accueilli cette dédicace comme une offrande. Puis vient, avec Perfumes of quietness, une mélodie simple sous laquelle l’harmonie bouillonne de tensions, mais sans une once d’ostentation : l’art est à ce prix. Et le chorus de piano s’évade, avant qu’un dialogue ne renaisse entre les protagonistes : Régis Huby au violon, Claude Tchamitchian à la contrebasse & Edward Perraiud à la batterie et aux percussions. La magie continue d’opérer, de plage en plage, entre exposés hiératiques et profusion maîtrisée, mélodies évidentes et surgissement d’intervalles inattendus. Le degré d’implication de chaque musicien est perceptible, jusque dans la plus infime nuance, et l’on se laisse porter, de dérive en surprise, avec la curiosité gourmande d’une promesse de bonheur musical qui n’avoue pas trop ostensiblement son projet, ses ressorts et son horizon. Et pourtant l’horizon est une promesse : les trois dernières plages en forme de suite, comme une cérémonie secrète offerte à l’aventure.

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