Trobairitz. Femmes de cour, femmes de coeur. Poèmes de femmes troubadours
Avec Nathalie Koble
Trobairitz ? Quezako ?
C’est le féminin de « troubadour ».
C’est donc que les troubadours n’étaient pas que des hommes ?
Ce CD (et quelques publications nommées en fin de livret) vient le rappeler fort à propos pour qui cherche à redonner aux femmes de toutes les époques et de tous les domaines, arts ou sciences, les places qui leur reviennent (les Journées du Matrimoine, initiées par le réseau HF Île-de-France - hf-idf.org/le-matrimoine - est un des acteurs - ou plutôt une des actrices - de ce mouvement de reconnaissance).
Nathalie Koble, poétesse (Extérieur chambres, éd. Nous, 2022), professeure de langue et de littérature médiévales à l’ENS (Paris) et professeure de langue française à l’École polytechnique (Palaiseau), a sélectionné 24 cansos (chants lyriques courtois) et tensons (dialogues poétiques) de formes diverses (alba, balada, planh, etc.) dus à une vingtaine de trobairitz, poétesses en langue d’oc dans la Provence des XIIe et XIIe siècles.
Si la voix dominante est celle de la comédienne Dominique Reymond - déjà récompensée par notre commission pour sa lecture du livre témoignage de Charlotte Delbo, Aucun de nous ne reviendra, des femmes–Antoinette Fouque, 2007 -, qui porte chaque poème avec conviction, d’une voix sensuelle, frôlant parfois le murmure pour nous amener au plus intime des mots et des sentiments exprimés, la voix voilée et discrète de Nathalie Koble intervient de temps à autre, dans cette langue d’oc d’origine, soit pour un (trop rare) poème entier, soit par bribes, pour bien montrer les racines de ces textes.
Des extraits, hélas trop courts, d’adaptation de mélodies médiévales interprétées par la regrettée Montserrat Figueras et le célèbre ensemble de Jordi Savall, Hespèrion XX, tirés de Cansos de Trobairitz, EMI, 1990, ponctuent le CD et nous emmènent au plus près de ces femmes qui furent un temps les égales des hommes pour lesquels et parfois avec lesquels elles composaient textes et musiques.
L’écoute en classe est autorisée par les éditrices.