Denis Dufour recevant un Grand Prix de l'Académie Charles Cros

Palmarès 2021


Prix du Président de la République

Kaija Saariaho

Pour l’ensemble de son œuvre,


In Honorem

Bruce Iglauer (In Honorem Blues & Soul)

50 Years of Genuine Houserockin

fondateur d’Alligator, le label indépendant qui porte haut les couleurs du blues depuis 50 ans, à l’occasion de la parution de "50 Years of Genuine Houserockin’ Music" (Alligator/Socadisc)

Aurait-il pu imaginer, alors qu’il enregistrait le bluesman Hound Dog Taylor en 1971, que cette première séance de studio déciderait de sa destinée dans l’univers du blues ? Bruce Iglauer n’a jamais fanfaronné. Il s’est seulement laissé porter par ses enthousiasmes et ses coups de cœur. Guidé par son instinct, il a tenté de expériences, espéré faire les bons choix et gagné la confiance de musiciens sur la réserve. Au fil des décennies, Alligator Records est devenu la « maison commune » des virtuoses du blues à Chicago. L’esprit de famille l’emportait sur les considérations mercantiles. Certes, il fallut adapter les modes de production aux exigences du moment mais la flamme, l’envie et le flair sont restés les moteurs d’une passion sincère pour la musique et les artistes. Bruce Iglauer a révélé ou réhabilité de grandes figures de la culture populaire noire américaine, Koko Taylor, Luther Allison, Buddy Guy, Albert Collins, Jimmy Johnson, Robert Cray, Lucky Peterson, Kenny Neal… Aujourd’hui encore, il frétille à l’idée de présenter ses derniers petits protégés. Il promet un grand avenir au jeune Christone « Kingfish » Ingram, 22 ans, dont le dernier album « 662 » suscite l’engouement. Plus aguerri, Bruce Iglauer sait déceler les talents et les mettre en valeur mais il conserve cette fraîcheur, cette excitation joyeuse pour les instrumentistes auxquels il croit vraiment. Fidèle, il n’oublie pas ceux qui ont rythmé le quotidien d’Alligator Records depuis 50 ans et ne manque pas de vanter leurs mérites même s’ils ont quitté le bercail. Les têtes d’affiche aujourd’hui s’appellent Shemekia Copeland (fille du regretté Johnny « Clyde » Copeland), Chris Cain, Selwyn Birchwood, Curtis Salgado, Toronzo Cannon, Lil’ Ed and the Blues Imperials, des noms qui scintilleront nécessairement avec force au XXIe siècle. Croyons-en la détermination et la ferveur juvénile du fringant Bruce Iglauer qui s’apprête à célébrer une autre étape vertigineuse de son existence, son 75e anniversaire, le 10 juillet 2022.

Joe Farmer

Hae-Sun Kang

Pour l'ensemble de son parcours musical

Le Grand Prix est remis à l’occasion du concert d’hommage à Betsy Jolas à la Philharmonie de Paris mardi 6 décembre 2022 à 19 h.

Née en Corée du sud, Hae-Sun Kang étudie le violon à l’âge de 3 ans. À 15 ans elle entre au Conservatoire de Paris (CNSMDP) dans la classe de Christian Ferras, remporte plusieurs prix internationaux (Rodolfo Lipizer en Italie, Carl Flesch à Londres, Yehudi Menuhin à Paris, ARD à Munich), devient premier violon de l’Orchestre de Paris en 1993 puis soliste de l’Ensemble intercontemporain en 1994.

Hae-Sun Kang a créé de nombreuses œuvres de référence pour le violon comme Anthèmes 2 pour violon et électronique de Pierre Boulez (Donaueschingen, 1997), qu’elle enregistre chez Deutsche Grammophon et joue régulièrement en Europe et aux États-Unis. Elle est aussi la dédicataire et la créatrice de nombreuses de Georges Aperghis, Benjamin Attahir, Betsy Jolas, Unsuk Chin, Dai Fujikura, Pascal Dusapin, Ivan Fedele, Beat Furrer, Philippe Hurel, Michael Jarrell, Edith Lejet, Philippe Manoury, Yan Maresz, Bruno Mantonvani, Lara Morciano, Mattthias Pintcher, Philippe Schoeller, Marco Stroppa…

Hae-Sun Kang est professeur de musique de chambre et professeur référent DAI répertoire contemporain au Conservatoire Supérieur National de Musique et de Danse de Paris et s’est vu décerner la distinction de Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres en 2014.

Quelques disques parmi son importante discographie :

Omer Corlaix


Les Grands Prix Internationaux du Disque

Cedric Burnside (Blues & Soul)

I Be Trying

Single Lock / Modulor

Grands Prix du Disque Blues & Soul 2021

Ce Hill country blues qu’il respire depuis tout petit, Cedric Burnside en est désormais le grand champion, y compris en studio. À force d’un travail passionné sur sa guitare, le batteur de Holly Springs a su étendre l’envergure de son talent bien au-delà de son incomparable maîtrise des fûts. Quand il entame ce septième album seul à l’acoustique, on mesure le chemin parcouru. Un phrasé nerveux sur un canevas bien à lui, un chant qui tend vers la soul sur le refrain et sans cesse ne fait qu’un avec l’instrument, des saillis à base de tirés francs comme ses mots. The world can be so cold en dit long sur la maturité de son jeu. Et le voilà qui entre dans le vif de la pulsation Hill Country avec l’implacable Step in, zébré par la slide juteuse de Luther Dickinson. I be trying et son refrain souligné par un chœur et un violoncelle offrent une première ouverture, mais sur cette première moitié d’album, Cedric réaffirme les bases en étant souvent seul au four et au moulin. Ah ! cette guitare qui fait gronder les graves en même temps qu’elle tisse des licks piquants, emboîtée dans le pied de grosse caisse qui bat la chamade pour compenser l’absence de basse. Rarement cette marque de fabrique héritée de papy R.L. aura si bien été mise en valeur, grâce à l’écrin du Royal Studios de Memphis et à la réalisation épurée de Lawrence “Boo” Mitchell. “I Be Trying” élargit ensuite son horizon en variant davantage les plaisirs : un Bird without a feather d’une folle intensité contenue, Pretty flowers qui verse dans une superbe rythmique fluide et tendue, What makes me think et Hands off that girl qui montrent à quel point Reed Watson a su assimiler l’essence du drumming enseigné par Cedric. Quand il parle de lutte et d’amour, quand il fait couler la sueur sur les planches du juke joint (bouillant Get down), quand il se risque en voix de tête, Cedric Burnside offre une prise directe avec son âme et celles de ses aînés qu’on imagine si fiers dans les nuages.

Nicolas Teurnier

Edward Perraud (Jazz)

Hors Temps

Label Bleu / L’Autre distribution

Grands Prix du Disque Jazz 2021

Hors sol ? Hors piste ? Hors la loi ? Autant de titres de compositions que l’on retrouve dans l’album d’Edward Perraud, tout sauf hors tempo. Mais le titre le plus à même de rassembler toutes les atmosphères évoquées par le trio serait Flower of Skin.
D’abord pour son sens premier, « à fleur de peau », qu’il faut prendre au pluriel des peaux des tambours. Ensuite pour cette idée de floraison, un mouvement irrésistible d’élan vital où un pétale pousse l’autre jusqu’à dessiner une forme singulière : le mouvement perpétuel semble être une éthique chez Edward Perraud, Bruno Angelini et Arnaud Cuisiner. Enfin parce que ce titre-là cache un faux trio avec le surgissement du trompettiste Erik Truffaz, moins un invité qu’un comparse épris lui aussi de silences habités.
À trois ou à quatre, les mousquetaires d’Edward Perraud servent l’éphémère du lyrisme, la fragilité des équilibres, la sculpture du temps, la sensualité du son. L’album est un voyage en paysages intérieurs qui se révèlent au détour de virages sur l’aile et de grooves irrésistibles. Un trio, un quartet ? Non, juste l’univers poétique d’un musicien jusqu’au bout des baguettes.

Alex Dutilh

C’est aujourd’hui que je vous aime (Parole Enregistrée)

François Morel

Gallimard - Ecoutez lire - 1 CD MP3

Comédien, chanteur, essayiste, récitant, chroniqueur radio (sur France Inter depuis 2009), François Morel est devenu une voix et une figure incontournables de la scène artistique française. BD cocréée avec Pascal Rabaté au dessin, C’est aujourd’hui que je vous aime, histoire (vécue) d’une adolescence pleine de rêves et de désirs inassouvis à la fin des années 60, devient, portée par la voix de son auteur, une chronique tendre et drôle d’une époque et d’un âge dit ingrat.

Denis Dufour (Musique Contemporaine)

Complete Acousmatic Works, Vol. 1 (16 CDs)

Kairos (0015076KAI)

Ce coffret de seize disques, Complete Acousmatic Works Vol. 1, publié par Maison ONA et le label Kairos, est un massif qui ouvre sur un monde sonore fascinant, couvrant la carrière de Denis Dufour de 1977 à 2020. Accompagné d’un livret très documenté, ce premier volume permet à des œuvres en grande majorité inédites de s’offrir à des écoutes multiples et analytiques. Chacune d’entre elles fait surgir de nouveaux détails dans cette musique foisonnante : un univers dense, multiple et immensément riche.

Ce coffret a été primé lors des 74e Grands Prix du Disque Musique Contemporaine 2021

https://hemisphereson.com/complete-acousmatic-works-vol-1/

Guillaume Kosmicki