Cécile McLorin Salvant

Le succès de Cécile McLorin Salvant est triplement réjouissant. Tout d’abord parce que le parcours de cette chanteuse franco-américaine est exemplaire. Née en Floride, en 1989, d’un père médecin d’origine haïtienne et d’une mère française de Guadeloupe, formée au jazz et au chant lyrique au conservatoire à Aix-en-Provence, elle sidère ses premiers auditoires et remporte toute jeune, en 2010, le prestigieux concours Thelonious-Monk. Ensuite parce que son art traduit une magnifique connaissance de l’idiome du jazz, de ses pratiques et de son répertoire. Enfin parce qu’elle sait mettre en valeur ses qualités avec une aisance de comédienne, particulièrement sensible lorsqu’elle est enregistrée en club. C’est le cas de ce double disque qui la présente pour une bonne part en concert au Village Vanguard, à New York. « Dreams and Daggers » se révèle en tous points fascinant, notamment par l’intelligence de la construction des petites saynètes qui émaillent un set où Joséphine Baker et Ida Cox côtoient Kurt Weill et Langston Hughes, tissant ainsi en filigrane une sorte de fil presque imperceptible et pourtant parfaitement engagé. La présence à ses côtés de musiciens de première catégorie, à commencer par le pianiste Aaron Diehl, ajoute encore à l’intérêt de l’enregistrement.

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