Micah Thomas. Piano solo
Une nouvelle étape dans l’art du piano franchie par un musicien de 25 ans. S’il est un évènement majeur c’est bien ce premier album en solo.
Diplômé de la Juilliard School of Music en 2020, Micah Thomas s’impose d’emblée dans le paysage New-Yorkais. Membre du quartet d’Immanuel Wilkins, il collabore avec Ambrose Akinmusire, Joel Ross, Billy Drummond… La même année parait « Tide », une échappée prometteuse en trio mais c’est en solitaire que se révèle une personnalité sidérante.
Ce talent n’échappe pas au label LP45 qui propose au pianiste d’enregistrer, face à lui-même, cinq standards, à Brooklyn, le 31 Octobre 2020. Au terme de la première heure d’enregistrement, Thomas a tissé sur une dizaine de chansons -uniquement des premières prises- des toiles si personnelles que le processus s’emballe…Conscients de vivre là un moment unique, Luigi Grasso, Laurent Courthaliac et Yaron Herman, directeurs artistiques du label, changent de cap ; ils sortiront un double LP d’un total de douze titres. Lorsque la nuit tombe, pas moins de trente-deux standards sont dans la boîte et tout est renversant.
L’impression qui émane de cet album est rare. Se côtoient ici sophistication, spontanéité, une culture immense et des moyens techniques sans limite au service d’un discours qui, parce qu’il n’est jamais prévisible, toujours nous fascine. Micah Thomas est architecte et conteur ; l’histoire du jazz il en connaît tous les recoins et la célèbre avec une pulsion de vie exceptionnelle. Empreint d’une culture classique qui favorise le contrepoint, il dessine sa propre version de la tradition, lui imprimant une vision si personnelle qu’on peine à en déceler les influences. On pense à l’immense Art Tatum pour cette faculté à « composer » en direct et à ignorer avec superbe les limites ergonomiques de l’instrument. Cet album essentiel rebat les cartes ainsi qu’en atteste l’admiration que lui vouent déjà Fred Hersh, Sullivan Fortner, Aaron Parks…