Emile Parisien
Le titre intrigue : « Louise », comme Louise Bourgeois, et ses spectaculaires sculptures d’araignées maternelles. Serait-ce un retour aux sources pour Émile Parisien, biberonné au jazz américain dès le collège de Marciac ? On penche davantage pour le tissage d’une nouvelle toile, en forme de patchwork narratif. On y trouve en effet tout ce qui constitue la galaxie plurielle du saxophoniste : un puissant ancrage mélodique qui se retrouve dans des compositions d’une insondable émotion, un goût prononcé pour l’expérimentation et les modes de jeu contemporains, et un art du vagabondage free qui le relie à l’univers d’Ornette Coleman et de Joachim Kühn. Pour mettre en œuvre cette utopie créatrice, Émile Parisien a convié aux côtés de deux fidèles, le pianiste Roberto Negro et le guitariste Manu Codjia, trois invités d’outre-Atlantique, le trompettiste Theo Croker, le contrebassiste Joe Martin et le batteur Nasheet Waits. Enregistré dans une urgence commandée par la culture américaine de la première prise, le disque témoigne d’une fièvre communicative, faisant la part belle au répertoire personnel, hormis une reprise bienvenue de Madagascar de Joe Zawinul. Émile Parisien vient tout juste de célébrer ses quarante printemps. L’aventure ne fait que commencer.