Visio

Visio s’appuie sur un texte d’Hildegarde von Bingen. Ecrite pour six voix mixtes, ensemble instrumental et électronique, la partition relève du délire organisé en mêlant le latin à la traduction française, le parler au chanter. La musique d’Edith Canat de Chizy (*1950) a gagné en mobilité, la plasticité du matériau atteignant une ductilité fascinante à laquelle la direction ad hoc de Léo Warynski n’est pas étrangère. Une vertu qu’on peut mettre au crédit de sa fréquentation des studios de l’Ircam, inaugurée par Over the sea (2012). Mais ce qui pouvait paraître alors un rien contraint innerve à présent le tissu orchestral : en témoigne notamment le début de Missing, qu’on croirait produit par l’ordinateur ; il s’agit pourtant de l’Orchestre national de France, avec la violoniste Fanny Clamagirand en soliste. Dans La Ligne d’ombre, où le fort sentiment d’expectative naît de l’opposition entre l’écriture horizontale des cordes et les scansions verticales des percussions, l’interprétation très dramatique de David Zinman à la tête de l’Orchestre Français des Jeunes s’impose comme la référence. Compléments de programme chambristes : aux textures pointillistes du Quatuor n° 4 articulées par les van Kuijk répond l’émouvant Lament pour alto seul, magistralement déclamé par Christophe Desjardins. La compositrice Edith Canat de Chizy a été Prix du Président de la République de l’Académie Charles Cros en 2016.

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