Roberto Negro

Un trio qui rassemble le pianiste Roberto Negro, le saxophoniste soprano Émile Parisien et le batteur percussionniste Michel Rabbia. Le nom du groupe évoque un projet dadaïste : ce n’est que partiellement vrai, car la première inspiration est la peinture de Mirò, dont il serait imprudent de dire qu’il est strictement cubiste. En fait, c’est surtout le désir de ’faire œuvre ensemble’ qui a prévalu, d’abord entre le pianiste et le saxophoniste, puis en conviant le percussionniste. En choisissant d’intituler « Saison 3 » le premier disque (d’’une série à venir ?) ils brouillent les pistes par le biais d’un humour que l’on pourrait aussi quaifier de dadaïste, mais qui fait surtout prévaloir le détachement des contraintes narratives, de la logique structurelle. Car ici on déstructure beaucoup, mais avec amour de la musique, connaissance parfaite des arcanes du son, du langage, de la forme et du cheminement esthétique, fût-il hétérodoxe. Les nuances sont privilégiées dans la relation entre les trois instruments, même si l’intensité des foucades (notamment d’ Émile Parisien) est préservée. L’invention mélodique est constante, souvent dans des intervalles distendus qui disent tout à la fois le mystère du monde et sa part d’angoisse, que s’approprie la beauté. L’interaction entre les solistes, le jouage (si l’on peut risquer cet équivalent de l’interplay dans le jargon états-unien du jazz) est intense, à la hauteur d’une ambition esthétique qui n’est pas mince, et qui se trouve totalement assumée. Les recours discrets à l’électronique, d’autant plus pertinents qu’ils sont musicalement et esthétiquement productifs, témoignent de la maîtrise du projet. Dans un monde où le mot art paraît toujours renvoyer exclusivement aux arts plastiques, il n’est pas inutile de rappeler que la musique, et en particulier le jazz, peuvent être rangés (comme la littérature, le cinéma, le théâtre, etc....) sous la bannière du Grand Art !

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