Les fils du facteur
Des chroniques lycéennes :
Quand mourir en vivant est possible...
Les fils du facteur, un nom éloquent pour nous introduire le groupe composé de 4 frères de cœur : Sacha Maffli, Emilien Colin, Antoine Passard et Oliver Raffin.
Leur nouvel album, sorti en avril 2021 baptisé Jusqu’ici ça va nous présente une fresque musicale des grands thèmes qui animent aujourd’hui notre société.
Parmi eux, l’amour, le désir, la conscience ou encore l’insouciance nous atteignent et nous bouleversent. Cette poésie chantée nous montre ce que nous ne voyons pas et Asphyxie, le titre auquel nous nous intéresserons, y arrive avec brio.
C’est un morceau fort, dans ses paroles en premier lieu qui témoignent bien plus qu’elles ne racontent, ce que la société devient. Un témoignage en effet, puisque le titre se focalise avant tout sur les émotions, sur notre conscience et sur notre for intérieur. Les paroles ne montrent pas, elles font comprendre, ressentir. « On ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible pour les yeux ».
Et c’est exactement l’âme de la chanson. Les dommages de la société nous sont invisibles, ils ne sont pas physiques.
Ils sont une souffrance seulement pour l’homme.
La dénonciation est omniprésente, le progrès technique entre en parallèle avec la force d’une machine destructrice « qui prend les rêves et qui les broie ». L’évolution technique ne rime pas avec progrès humain, ce que les quatre frères affirment haut et fort.
Dans un monde quasi-démocratique, l’homme ne décide plus. La société le dirige au même titre que la voiture automatique, qui conduit à la place de l’être humain. Les réseaux sociaux et les plateformes numériques nous contrôlent, comment y résister ? Leurs nouveaux géants sont « nos anciens rois ».
Asphyxie est polémique et politique. Le comportement des dirigeants mondiaux est pointé du doigt, aussi agressivement qu’un enfant dans la rue. La « boite de pandore atomique » est aux mains d’hommes qui n’en sont même plus. Des « singes » dénués de tous sens commun, qui n’hésiteraient pas à appuyer sur le gros bouton rouge. La fin de cette société dépravée est si aisément amenée et la référence à Donald Trump, commodément élucidée.
Les paroles pourraient nous paraître excessives, voire paradoxales. Mais comment éluder que « même les poissons se noient » dans leur propre océan est la chose la plus véridique que le XXI ème siècle aura apporté ?
C’est donc un étrange sentiment qui nous envahit à l’écoute de ce morceau. Les paroles sont fortes, lourdes et mêmes parfois pesantes. La force des mots nous frappent et « l’inertie neurasthénique » parait à la fois vide et écrasante. Mais une chose est certaine : « l’époque malade » ici dénoncée nous remplit à rebord. Impossible de rester de marbre face à cette œuvre musicale, elle nous coupe le souffle.
Clara LALMANT - seconde G - Lycée Sainte Marie Beaucamps-Ligny.