Sélection Musiques du monde 2019
Le mercredi 20 mars 2019 à Portes-lès-Valence, dans le cadre du Festival « Aah ! Les Déferlantes ! »
Notre proclamation s’inscrit naturellement dans le cadre de la Semaine internationale de la francophonie. Elle est placée sous le signe de tous les créateurs qui illustrent la diversité des cultures des peuples qui ont le français en partage. Notamment de nos plus récents lauréats Alan Stivell, « Grand prix In honorem » pour l’ensemble de son œuvre, et le groupe sénégalais Toure Kunda, « Grand prix international du disque » qui ont honoré les 71e Grands prix de l’Académie Charles Cros, le 10 janvier dernier, au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris.
Mettre en évidence une année de production de disques, vidéos et livres qui préservent ou revalorisent la mémoire et soutenir la création. Faire connaître les formes de culture des peuples dans toute leur richesse et leur diversité. Aider les artistes qui en sont les porteurs et les éditeurs qui par leur courage en permettent la réalisation : c’est là le cœur même de la mission qu’au-delà de la remise de simples décorations symboliques, s’est assignée l’Académie Charles Cros. Elle s’inscrit dans une logique citoyenne, celle d’un acteur et d’un passeur : faire connaître les patrimoines, les formes de culture populaire des autres, les mettre en partage, c’est engager le dialogue des cultures et des hommes.
Alain Fantapié, président de l’Académie Charles Cros
Comme chaque année, il n’est guère aisé de choisir parmi des centaines de productions de grand intérêt. Les musiques du monde sous leurs différentes expressions (savantes, populaires, sacrées, profanes, intimes, collectives), des plus spécifiques aux plus créolisées, offrent une fascinante palette de propositions. Nos choix, s’ils se fondent sur la qualité d’un CD, d’un film ou d’un livre, s’attachent aussi à distinguer des travaux de toutes origines qui ont nécessité beaucoup de ténacité, d’esprit d’initiative et surtout de temps. Une façon de saluer des hommes et des femmes qui ont mis leur vie au service de convictions esthétiques et patrimoniales et d’une certaine idée de la marche de la planète.
Frank Tenaille, coordinateur de la commission Musiques du monde
Membres de la commission :
Alain Fantapié, Frank Tenaille, Laurent Aubert, Caroline Bourgine, Etienne Bours, Philippe Krümm, Emmanuelle Honorin, Patrick Labesse, Rabah Mezouane, Samy Sadak
L'actualité des Coups de cœur
Hommage
Roudennoù / Traces
Yann-Franch Kemener
Buda-Universal - 2 CD
Hommage à la poésie bretonne
Notre ami Yann-Fañch Kemener, vient de nous quitter. Il avait 61 ans. Que dire de Yann-Fañch en dehors d’une si longue amitié commencée aux temps où, cheveux longs, il commençait à imprimer sa marque dans le kan ha diskan (chant/ contrechant) dont il deviendra un des grands rénovateurs de pair avec son complice de scène, Erik Marchand ? Tout simplement, que c’est un monument de la langue et de la culture bretonne si riche pourtant de figures de haute tenue. C’est qu’il a incarné tout le continuum d’un chant puisant aux meilleures sources de la gwerz et de la chanson, se fortifiant à l’école irremplaçable du collectage, se dopant aux exigences et aux énergies du fest-noz, s’enhardissant aux novations de groupes et artistes porteurs d’autres influences (Barzaz, Skolvan, L’Héritage des Celtes suscité par Dan Ar Braz, le pianiste Didier Squiban, le violoncelliste Aldo Ripoche... ), tout en gardant avec sa voix unique, le filigrane d’une fidélité sourcilleuse aux couleurs et méandres d’une langue. En cela Yann-Fanch aimait évoquer ces temps de jadis quand, enfant, on le passait sur la tombe de Saint Tremeur. Quand des chanteurs un peu « rouges » animaient le fest-noz de son village. Quand adolescent son chant prenait son envol, lui qui était né en Haute-Cornouaille, un pays Fanch Plinn aux influences vannetaises, au sein d’une très pauvre famille recelant deux lignées de voix. Il aimait rendre sa dette à des pères spirituels, dont les précieux Albert Bolloré et Jean Poder, qui lui avait transmis répertoires et façons de conduire le chant, ce chant à danser qui doit rechercher le plaisir intense des danseurs, sinon une transe celte, et qui répond à des exigences drastiques de mélodie, d’énonciation, de rythme, de codes sociaux. Et surtout, à tous ces interprètes collectés, son magnéto Philips posé sur les toiles cirées, son carnet raturé de notes précieuses (cf. « Carnets de routes » chez Skol Vreizh). C’est qu’on oublie aujourd’hui, compte tenu de l’abondante documentation disponible et du statut dynamique de la Bretagne, ce qu’était une culture niée, minorée, dévalorisée, dans les années 70. Il avait donc fallu à Yann-Fañch Kemener, compte tenu de ses origines sociales modestes, se réapproprier l’Histoire de ces terres discriminées par le pouvoir central pour conforter cet héritage qu’il portait en lui dès ses premières apparitions sur table. Et s’imprégner d’écrits cardinaux dont ce « Barzaz-Breiz » (recueil de chants
de La Villemarqué) enregistré avec la maîtrise de Bretagne (Ed du Layeur). Et dans le faisceau des styles
de grands devanciers (Marie-Josèphe Bertrand, Marcel Guilloux, Manu Kerjean, les sœurs Goadec, les frères Morvan ...) trouver le sien, unique. Le crabe l’ayant pris pour cible, Yann-Fañch y a fait face, chevillée au corps ce souci d’une transmission, lui qui dans les années 90 avait redonné un nouvel élan aux musiques bretonnes cherchant un nouveau souffle amorcé plus tôt par le folksong puis le revival breton. Aussi ces dernières années avait-il mis les bouchées doubles. En témoignent notamment : « Nous irons pleurer sur vos ombres » (hommage au soldat Julien Joa, son grand-oncle, « Non mort pour la France » en 14-18 ; « Ar Baradoz : Chants sacrés de Basse-Bretagne », avec son complice de 20 ans, Aldo Ripoche ; ou ce superbe double CD, « Roudennoù / Traces », hommage à la poésie bretonne qu’il venait de conclure. Outre ce film prémonitoire, « Yann-Fañch Kemener, passer en chantant / Yann-Fañch Kemener, Tremen en ur ganañ » avec le réalisateur Roan Hirrien, qu’il est indispensable de voir, tant il nous restitue l’homme que nous avons aimé. Avec sa profondeur et sa drôlerie, la force de cette conviction que le patrimoine culturel dit « immatériel » nous survivra, le sérieux qu’il mettait dans toutes ses entreprises. Soit au final, une discographie d’une soixantaine d’albums sous son nom propre et/ou dans diverses formations, duo, trio, groupe. Et beaucoup d’écrits. « Le chant naquit un soir d’hiver, /on ne sait où, on ne sait quand/ à la porte d’une maison où criait un enfant malade. / Depuis lors, de siècle en siècle, d’aube en aube, de fatigue en fatigue, / l’ont usé des lèvres d’esclaves » avait écrit le poète libertaire Armand Robin qu’il aimait. De fait, la voix d’or de Yann-Fañch avait du granit la minéralité, de la mer la vibration, de la mythologie le timbre. Sans doute parce que ce fils d’ouvrier agricole avait acquis une force née du chant de la pauvreté et aussi parce qu’il portait en lui un temps long, venu du cosmos, lui qui disait (en riant malicieux) qu’il était né au XIXe siècle et qu’il y était resté.
Frank Tenaille.
(1) L’Académie Charles Cros vient de rendre un hommage à Yann-Fañch Kemener, sans doute l’artiste le plus récompensé par la vénérable institution sur le registre des musiques du monde.
Mémoire Vivante
L’intégrale. Dédé Saint-Prix
Dédé Saint-Prix
Frémeaux et Associés - 5 CD
Antilles
Chanteur, percussionniste, flûtiste, Dédé Saint-Prix est depuis 50 ans le grand chantre de la musique antillaise. Originaire de la Martinique, il a popularisé la musique traditionnelle chouval bwa qu’il a portée sur tous les continents en la mélangeant aux autres rythmes de la Caraïbe, de l’Afrique ou de la Réunion. Musicien engagé, passeur, pédagogue, formidable entertainer, Dédé Saint-Prix est aujourd’hui une véritable légende vivante. Un coffret qui doit aussi beaucoup à la direction artistique d’Eric Siar.
Quatuor de galoubets-tambourins Le Belouga...
Belouga Quartet
Buda / Socadisc
Quatuor de galoubets-tambourins
Le Belouga Quartet est constitué de tambourinaires de la nouvelle génération : Sébastien Bourrelly, Valentin Conte, Benjamin Melia, Florian Mesureux. Chacun représente une école différente : de la vallée du Rhône au Comté de Nice en passant par Aix et Toulon. Pour ce disque, Le Belouga Quartet a sollicité le concours de quatre compositeurs : Jean Michel Bossini, Patrice Conte, Miquèu Montanaro et Patrick Vaillant.
Poetic Trance
Aziz Sahmaoui and University of Gnawa
1 CD / Blue Line
Aziz Sahmaoui conduit l’un des meilleurs groupes de son époque : University of Gnawa, il porte aussi un pan entier de l’histoire méditerranéenne. Né à Marrakech, il est confronté à l’essentiel des musiques populaires du Maghreb, des plus électroniques aux plus racinées. A l’issue de ses études de lettres, arrivé à Paris et y fonde l’un des groupes phares des années 90, l’Orchestre National de Barbès. Puis rejoint l’un des pionniers du métissage cosmopolite, le pianiste Joe Zawinul, ancien de chez Miles Davis et fondateur de Weather Report. Accompagnés par Martin Meissonnier à la production, ils tissent des liens entre le Nord et l’Ouest de l’Afrique, l’Orient et l’Occident.
Rapadola Kreyol
Wesli
Wup / Cumbancha / Pias
Haïti/Canada
Wesli est un chanteur, guitariste, auteur-compositeur-interprète haïtien né à Port-au-Prince et vivant au Canada. En 1991, à la suite du coup d’État militaire qui mit fin au gouvernement de Jean-Bertrand Aristide, Wesli embarque dans un « boat-people » avec ses parents pour échapper à la violence. Il restera un an dans un camp de réfugiés dans la baie de Guantanamo et vit ensuite dans l’un des bidonvilles de Port-au-Prince. Il forme le groupe Wesli Band à Montréal en 2007 et publie son premier album « Kouraj » en avril 2009, suivi d’un second album intitulé « Liberté » dans le noir en décembre 2011. Son style est un mélange de reggae, afrobeat, hip-hop, soul, roots haitian music, rara. Il chante en français, en créole, en anglais. Plusieurs de ses textes sont engagés.
Créations
Delâshena
Shadi Fathi et Bijan Chemirani
1 CD Buda / Socadisc
Conversation au sommet de la musique persane. Un paysage sonore que seul le cœur reconnaît, littéralement « Delâshena »… On connaît Shadi Fathi (setar, shourangiz), formée à la musique savante et soliste d’exception. On connaît aussi Bijan Chemirani (zarb, daf, udu), référence des percussions ancestrales iraniennes, issu d’une famille de musiciens internationalement reconnus. Un duo d’une rare complicité mêlant inspirations classiques et fulgurances. Sur scène, des poèmes persans (Hafez, Mowlana Rumi, etc.) ponctuent de douceur du concert tissé de rythmes envoûtants et d’improvisations.
Kangaba-Paris
Jean-Philippe Rykiel et Lansiné Kouyaté
1 CD Buda Musique/ Socadisc
Jean-Philippe Rykiel (piano) - grand ami des musiques d’Afrique - et Lansiné Kouyaté (balafon) sont des camarades de longue date. Ils auraient dû déjà depuis longtemps dialoguer de la sorte. Ils se retrouvent simplement comme le font des complices, sans artifices, juste avec l’acoustique de leurs instruments. Les splendides bruits « parasites » du balafon se mêlant avec évidence aux harmonies classiques du piano, le tout enregistré par un troisième personnage : Philippe Teissier du Cros. Un homme au deux oreilles « acoustiquement parfaites » et merveilleusement stéréophoniques.
Mon ombra et ieu
Laurent Cavalié
1 CD Sirventes
Deuxième album solo de Laurent Cavalié avec quelques tambours anciens, des percussions végétales, une mâchoire d’âne et son accordéon. Faussement rustiques et savamment métissés, ses chansons nous rappellent que la langue est rythme autant que poésie. Composé de 16 titres, « Mon ombra e ieu » est l’œuvre la plus personnelle de Laurent Cavalié. En notes impressionnistes elle nous dévoile un imaginaire où l’on croise des personnages de la mythologie languedocienne avec un regard teinté de tendresse, d’ironie et de révolte sur le monde tel qu’il va. S’il continue d’invoquer les grands poètes languedociens (Léon Cordes, Joan Bodon, Auguste Fourès), Laurent Cavalié développe ainsi sa propre œuvre poétique.
Blue silence
Tristan Driessens et Robbe Kieckens
Homerecords / Fédération Wallonie Bruxelles
Ayant initié leur collaboration en 2010 en formant un duo de musique folk (La Compagnie d’Elias), Tristan Driessens et Robbe Kieckens ont pris leur envol en scrutant de nouveaux horizons. Ainsi, de la musique ottomane et d’Asie mineure (Lâmekân Ensemble) au jazz modal (Soolmaan Quartet) et plus récemment à la musique sacrée des derviches tourneurs (Dervshan), l’Orient et l’Occident fusionnent dans les douze « contes dansés » réunis pour cet album. Deux musiciens, deux instruments millénaires, qui suffisent pour évoquer un univers où la pureté de la ligne
est le fil conducteur. Tristan Driessens (ûd, lavta) et Robbe Kieckens (bendir, pandeiro, riqq) s’engagent dans un voyage qu’ils veulent comme un retour à la source. Des mélodies et rythmes qui rendent hommage à la simplicité, à la contemplation, et qui « défilent comme des paysages où l’on se peint des arabesques poétiques devant les yeux ».
Livres
Les Musiciens gitans de la rumba
Guy Bertrand
Ed de la Flandonnière
Dans la Barcelone des années 1950, les artistes gitans dont Peret, Antonio Gonzalez « El Pescadilla » et Los Amayas, suscitent la rumba gitane catalane, à l’intersection du flamenco et des musiques caraïbes. Ce genre en perpétuel renouvellement va se développer dans le cadre des fêtes ou des assemblées. Dans cet ouvrage à l’iconographie éblouissante, traduit en catalan et en occitan, Guy Bertrand concrétise des années de recherche et de collaboration avec des personnalités de la communauté gitane et des « païos » passionnés. Passionnant.
Les « bandes » de violons en Europe. Cinq siècles de transferts culturels
Luc Charles-Dominique
Ed Brepols
Des anciens ménétriers aux Tsiganes d’Europe centrale
Les fortes ressemblances entre anciens ensembles ménétriers de violons et actuelles bandes de violons tsiganes d’Europe centrale autorisent l’hypothèse des transferts culturels telle est la thèse de cet ouvrage imposant, fruit de plus de dix ans de recherches. Les Tsiganes étant présents en Europe depuis le XVe siècle, les processus de mise en contact entre eux et les Gadjé, les populations locales, sont multiples : circulations humaines de toutes sortes, cadre répressif et carcéral associé au vagabondage, fréquentation par les Tsiganes, des nobles, des cours, de l’espace économique et performatif de la foire, des milieux du théâtre itinérant. Par ailleurs, au XVIIe siècle, les bandes de violons - surtout françaises - ont essaimé dans toute l’Europe notamment centrale. De ce fait les actuelles bandes de violons européennes témoignant de l’histoire migratoire tsigane, des échanges entre Tsiganes et Gadjé et entre Européens eux-mêmes, constituent une mémoire interculturelle de l’Europe. Si l’itinérance, l’oralité, la périphérie sociale et culturelle, la dilution du « bohémien » dans le « vagabond », complexifient le traitement d’une telle recherche en raison de la raréfaction des sources directes, l’un des objectifs de cet ouvrage est de révéler le dynamisme et le mouvement des sociétés européennes anciennes, l’extrême complexité de leur fonctionnement musical, l’enchevêtrement de leurs réalités sociales, économiques, politiques, culturelles. Cette histoire des bandes de violons en Europe devant, certes, être appréhendée dans le cadre des cours, mais aussi d’une culture ménétrière urbaine, rurale, parfois foraine et marginale, itinérante et nomade. L’autre ambition de cet ouvrage étant de proposer une nouvelle approche de la technique et du jeu violonistiques des anciens ménétriers violonistes, à partir de l’étude des consorts populaires actuels de violons de certaines régions d’Europe occidentale (Italie), centrale et balkanique.
Genève aux rythmes du monde. Une histoire des Ateliers d’ethnomusicologie
Arnaud Robert
Ed Labor et Fides
En 1983, un jeune ethnomusicologue et une bande d’activistes des sons libres fondaient à Genève les Ateliers d’ethnomusicologie (ADEM). Trente-cinq ans plus tard, au moment où le fondateur Laurent Aubert passe la main, l’heure est venue de faire le bilan.
Au fil des ans les Ateliers d’ethnomusicologie ont tendu un miroir aux Genevois. Plus encore, ils ont questionné les contextes, les philosophies et les modes de vie qui entourent les arts musicaux. Militants sans avoir l’air d’y toucher, ils ont invité des Afghans en exil, des Africains qui peinaient de plus en plus à obtenir des visas. Ils ont accueilli le monde au moment où de nouveaux murs s’érigeaient.
Cet ouvrage retrace en textes et en images ces 35 ans de sons. Il n’est ni un album de famille ni le panégyrique obligatoire du fondateur qui s’en va. Il est un portrait critique et passionné de la Genève internationale, de la catégorie « musiques du monde » et du risque associé de ranger dans un fourre-tout commode toutes les cultures extra-occidentales. Il est aussi la réponse au pari des Ateliers d’ethnomusicologie : la musique, d’où qu’elle vienne, est une main tendue.
Films
Le Grand Bal
Laetitia Carton
Sanosi Productions / Pyramide
Chaque année 2000 personnes débarquent dans ce festival unique : le Grand Bal de l’Europe, à Gennetines dans l’Allier. Durant une semaine, hommes et femmes de toutes générations y dansent scottish, polka, bourrée, cercle circassien, etc. Nuit et jour, sous de grands chapiteaux, ils tournent au son de chansons traditionnelles, vibrent au rythme des tambourins, de la vielle et de l’accordéon, s’enlacent et sautent à en faire trembler les parquets. Quant aux débutants, ils peuvent s’initier à la mazurka ou à la pizzica avec des professeurs. Accro aux bals traditionnels depuis son adolescence, la réalisatrice Laetitia Carton, capte magnifiquement les corps-à-corps des danseurs et l’ivresse du mouvement. Ce film à l’énergie communicative restitue toute la magie d’une parenthèse chorégraphique.
Voyage en diphonie
Jean-François Castell
Les Films du Rocher
Des steppes mongoles aux plus belles scènes occidentales de musique du monde, en passant par une expérimentation scientifique unique, « Voyage en Diphonie » présente le chant diphonique mongol dans toute sa diversité et toute sa contemporanéité.
Depuis 2010, l’Art traditionnel du khöömii mongol (chant diphonique) est inscrit sur la Liste représentative du PCI de l’humanité à l’UNESCO, et les recherches de Johanni Curtet et sa compagne, Nomindari Shagdarsüren, ainsi que les enregistrements publiés par leur association, Routes Nomades, auront contribués à documenter ce dossier. Suite à cela, Johanni et Nomindari ont préparé durant 6 ans une anthologie du khöömii mongol, qui allait rapidement devenir un ouvrage de référence que l’Académie a salué en son temps.
Jeune Public
Cocorico, balade d’un griot
Mory Kanté, Zina Tamiatto et Marie-Emmanuelle Remires, Reda Kateb, Lauriane Bellon
1 livre-disque, Little Village-Harmonia Mundi/ RFI Talents
Un conte initiatique aux valeurs humanistes, au cœur de la culture mandingue. De l’Afrique, prenez la joie, les danses et les rythmes, ajoutez les paysages mandingues, le chant des griots et des griottes et celui du coq, sans oublier la poésie, et laissez Reda Kateb vous raconter de sa voix rassurante un conte composé par le grand Mory Kanté en personne ! Du son de la kora, un enfant naît. Bercé de légendes ancestrales, il apprend les valeurs de la vie en dansant, chantant, car en Afrique, tout est immensément vivant. Les griots sont des conteurs, maîtres dans l’art du chant et des percussions, ils chantent glorieusement les histoires des familles, louant les grandes actions de leurs aînés. Mory Kanté fut élevé dans cette tradition en Guinée et au Mali, au cœur de l’ancien Empire Mandingue. Il apprit les histoires et l’héritage de son peuple, mais aussi l’art exigeant de la kora et du chant, avec la force et la perfection attendues d’un griot.
In Memoriam
In memoriam
Henri Leconte (ethnomusicologue, 1938-2018)
Patrick Malrieux (co-fondateur de Dastum, 1946-2019)
Rachid Taha (France/Algérie, 1958-2018)
Geoffrey Oryema (Ouganda, 1953-2018)
Jaime Torres (Argentine, 1938-2018)
Khaira Arby (Mali, 1959-2018)
Djamel Allam (Algérie, 1947-2018)
Miucha (Brésil, 1937-2018)
Oliver Mtukudzi (Zimbabwe, 1952-2018)
Marcel Azzola (accordéoniste, 1927-1919)
Dorothy Masuka (Zimbabwe/ Afrique du Sud, 1935-2019)
Tohon Star (Bénin, 1955-2019)
Henri Leconte avait l’humour caustique. Ainsi il assurait ne pas être ethnomusicologue et ne pas en vivre car il « gagnait honnêtement sa vie ». Pour le moins, attiré par le Grand Nord, il s’était un jour rendu dans des régions du Canada et de la Russie pour se lancer dans une enquête de terrain de longue haleine. Une aventure au cours de laquelle il va particulièrement s’intéresser aux rapports entre la musique et le chamanisme, montrant sa permanence quelques soient les bouleversements géopolitiques et culturels. Une saga anthropologique qu’il synthétisera dans son ouvrage, « Les esprits écoutent, Musiques des peuples autochtones de Sibérie », passionnant panorama des expressions musicales de trente peuples autochtones. Mais le natif de Lambézellec (Finistère, 1938) avait exercé sa sagacité dans bien d’autres champsdes musiques traditionnelles (routes de la soie, Moyen-Orient, Afrique (cf. son livre « Musiques de toutes les Afriques » avec Gérald Arnaud) et cela depuis le mitan des années 70. Après avoir suivi les cours de Claudie Marcel-Dubois (actrice décisive de la naissance du Musée National des Arts et Tradition Populaires) puis à l’École Pratique des Hautes Etudes, il écrivit de nombreux articles, travailla dans le milieu de l’animation scolaire (étant à l’initiative, en 1978, de l’association « Musiques des peuples du monde » fondée sur sa collection personnelle de 250 instruments de musique). En outre, on le verra producteur de radio, réalisateur de documentaires (« Mexique, les troubadours de la révolution » ; « Musiques du cœur de l’Arabie, Yémen » ; « Ali Farka Touré. Ça coule de source » ; « Le Paris secret des musiques du monde » ; « Musiques de Mongolie »). Etant aussi maître d’œuvre de dizaines de Cds et responsable d’enseignements à l’université. Chercheur associé à l’Inalco (Centre d’Etudes et de Recherches sur la Russie et la Sibérie), membre associé du Séminaire d’études ethnomusicologiques de Paris-Sorbonne (Paris IV), Henri Leconte a enfin réalisé une formidable « Anthologie des musiques sibériennes » publiée par le décisif label Buda Records dirigé par Gilles Fruchaux.