Sélection Musiques du monde 2021
Le jeudi 10 mars 2022 à Lyon dans le cadre du Musée des Confluences
Pour la deuxième année, le musée des Confluences accueille la cérémonie de remise des Coups de cœur et des Grands prix Musiques du monde de l’Académie Charles Cros 2022. La découverte d’artistes remarquables.
L’évènement à eu lieu au Grand auditorium du musée des Confluences et peut être retrouvé en cliquant ici
Hommage
50 ans de scène
Steve Waring
Victorie Music - 1 CD
Steve Waring, conteur, chanteur, musicien, icône de la chanson jeunesse, fête ses 50 ans de scène dans ce pays où il est arrivé au début des années 70 venant de sa Pennsylvanie natale. Il fut en effet à cette époque, avec John Wright et Alan Stivell, un des piliers du Centre américain, boulevard Raspail, où se tenaient les fameuses « hootenanies » organisées par Lionel Rocheman avant d’être un des fondateurs du folk club, le Bourdon. Nourri de blues et de musiques traditionnelles (Big Bill Broonzy, Dave Van Ronk, Brownie McGhee, Leadbelly...), il joue alors les pionnier du banjo et de la guitare acoustique américaine en France (deux albums décisifs chez Chant du Monde). En 1973, il enregistre son premier succès très écolo, La Baleine bleue. Suivront Les Grenouilles, Le Matou revient, Tourterelle, qu’accompagneront outre ses machines à sons, ses deux instruments de prédilections, « le banjo qui rit, la guitare qui pleure ». Dans les années 1980, il développe la musique folklorique « naïve » dite pour enfants. Depuis, il est devenu l’un des incontournables de la musique pour enfants, avec 20 albums et plus de 2 millions d’exemplaires vendus.
Climat
Omar Pene
Diamono Production / Safoul Production / Contre-jour - 1 CD
Omar Pene : grande figure musicale du pays de la Téranga.
En 1975, nait à Dakar, entre afro-cubain et pop en wolof, Le Super Diamono. En son sein, un jeune homme : Omar Pene. Un natif de la Médina ayant grandi dans la banlieue de Piquine qui se consacrait avec succès au football mais que le chant le passionnait. En quelques années, celui-ci va donner au Super Diamono de nouvelles couleurs jazz et blues. Cet « afro feeling », comme il le qualifie, étant servi par des musiciens de grand talent. Mais ce qui va faire la permanence de ce groupe seront les thématiques des chansons d’Omar Pene qui en réfèrent à l’éducation, la justice, l’enfance, le chômage, le vivre-ensemble, le respect des anciens, la spiritualité…
Aussi, porté l’écho du groupe en 1989, se créée l’Afsud-Sénégal, une amicale des fans du Super Diamono, qui va s’employer à améliorer le quotidien des Sénégalais. Ainsi depuis 50 ans, Omar Pene, figure morale majeure de son pays, n’a cessé de chanter pour la jeunesse, les femmes, les démunis, les étudiants, les paysans. Il s’est élevé contre la corruption, la polygamie, les tentations djihadistes, dissuadant les volontaires « des pirogues de la mort », mobilisant pour la réinsertion des enfants des rues, ou, comme dans son dernier album, « Climat », rappelant aux décideurs africains que le réchauffement climatique était un enjeu majeur, les pays subsahariens devant faire face à des catastrophes naturelles de plus en plus rapprochées avec leur conséquences en termes de de famine et de déplacements de populations. Omar Pene, universaliste et panafricaniste comme Nelson Mandela, étant profondément persuadé que l’éducation était la clé de tout avenir commun, l’instruction étant une arme contre toutes les violences et dérives mortifères.
Label Colophon Records
COLOPHON RECORDS/ A L’ECOUTE DU MONDE
Belgique
L’association Colophon est née en 1994. Active à ses débuts dans l’édition de supports « papier » (d’où l’origine de son nom) elle a produit, pendant plus de dix ans, dans le cadre d’un partenariat avec des ONG de développement, une collection d’ouvrages d’analyses et un journal de débats. Puis elle a développé différents outils de sensibilisation et d’information à la coopération, à l’éducation au développement et à la solidarité en général. A partir de 1998, sous le label Colophon Records, elle une collection de musiques populaires du monde. Son but : promouvoir une approche respectueuse des identités musicales, sans les adapter ni les déformer et participer, sur le plan culturel, à une nouvelle mouvance en faveur d’échanges plus équitables entre le Nord et le Sud. Cette collection révélant au public l’étonnante richesse musicale de certaines populations défavorisées économiquement et/ou culturellement menacées. L’action d’éditer constituant une participation active à la sauvegarde de patrimoines immatériels fragilisés par les déséquilibres économiques et une mondialisation brutale. Une manière de rester à l’écoute du monde et de ne pas oublier - au-delà de l’intermède festif et de l’engouement pour le multiculturalisme) les réalités socio-économiques et culturelles dans lesquelles ces musiques s’expriment. L’association s’engageant aussi dans la reconnaissance et la protection juridiques des patrimoines immatériels et s’impliquant dans l’application d’un droit d’auteur sur les patrimoines collectifs qu’elle publie. Enfin, pour développer ses projets éditoriaux, elle privilégie le partenariat avec d’autres organisations de développement, des associations ou des institutions publiques ou privées. Et a ainsi pu bénéficier du soutien du Ministère belge de la Coopération au développement, des Jeunesses musicales et de la Médiathèque de la Communauté française de Belgique.
Le colophon étant depuis le Moyen-âge l’annotation finale d’un manuscrit ou d’un imprimé contenant les informations sur l’imprimeur ou les copistes, le lieu et la date d’impression.
Mémoire Vivante
Hâl. Ballades amoureuses
Keyvan, Maryam, Bijan Chemirani et Sylvain Barou
Alpha Classic / Outhere Music - 1 CD
Dans la famille Chemirani, on connaît Keyvan, virtuose du zarb et des percussions et Bijan, expert du luth saz et percussionniste. Avec leur père, ils ont formé un trio fort renommé. On connaît moins leur sœur, Maryam, chanteuse mais aussi infirmière, d’abord en Inde sur les pas de mère Teresa, puis dans les Alpes de Haute Provence. Tournée vers les autres et fort occupée en ces temps troublés, elle a pourtant décidé de revenir à la chanson, sous l’impulsion de Keyvan qui a imaginé ce programme pour elle et pour sa voix chaude et généreuse. Y ajouter un frère de musique, l’incroyable flûtiste Sylvain Barou.
À la croisée des musiques iraniennes, indiennes et irlandaises, Hâl (prononcer « Hol ») est sous-titré « ballades amoureuses », tous les textes chantés en anglais ou en persan, étant des poèmes d’amour. Le « hâl », comme le duende en flamenco, correspondant au moment où l’on se laisse aller, à un état extatique entre éveil et oubli de soi... « Jouer en famille sur scène a toujours été une expérience particulière.
Comme une continuation naturelle de l’apprentissage de la vie et de la musique, comme un retour aux sources et aux racines. Dans la continuité de mes projets antérieurs (travail autour de la modalité indo-orientale ; formation acoustique mettant en valeur l’ornementation, la richesse des carrures rythmiques ; aller-retour entre le festif et le méditatif) j’ai choisi de centrer celui-ci autour de la voix de ma sœur, Maryam Chemirani, dont la générosité, le timbre chaud et le charisme me touchent profondément et méritent à mon sens une exposition pleine et entière » avoue Keyvan Chemirani.
Les Musiques des Caraïbes. Du vaudou au ska
Coordination Bruno Blum
Frémeaux et Associés / Castormusic - 2 CD
Merengue, calypso, gombey, santería, mento, gwoka, son, soul jazz, descarga, biguine, pachanga, cha-cha-chá, konpa, contredanse, bomba, shuffle, quadrille, mambo, voodoo, soul, quelbe, worksong, rumba, valse, son montuno… Négligées, méconnues, ignorées, les musiques caribéennes sont pourtant à la base d’une grande partie des musiques américaines qui ont conquis le monde. Marquées à leur tour par les États-Unis, elles ont produit une magie irrésistible, de Cuba à la Nouvelle-Orléans, de la Martinique à Haïti jusqu’à la Jamaïque. Dans cette compilation, redevable à Bruno Blum, qui enrichit la remarquable collection « Caraïbes » du label Frémeaux et Associés, l’on voyage ainsi à travers 48 titres cultes ou inconnus, et on découvre l’extraordinaire luxuriance des rythmes, nés de brassages insulaires, depuis que les esclaves ont importé leurs chants et leurs rites animistes.
Ce florilège des musiques des îles West Indies paraît simultanément avec un livre de référence « Les Musiques des Caraïbes » (Le Castor Astral) de Bruno Blum, qui remanie et complète trente livrets de coffrets Caraïbes parus chez Frémeaux et Associés. La sélection ici privilégiant la crème des enregistrements fondateurs des styles caribéens de 1949 à 1972.
Nuba Nova
Hamdi Benani et Mehdi Haddab
Buda Musique / Institut français d’Algérie / Socadisc - 1 CD
Nuba Nova : un disque déjà culte
Nuba Nova, le titre sonne comme un manifeste.
Comprendre une filiation transgressive avec cette musique classique algérienne, fille du système des noubas, qui donna naissance aux fameuses « écoles » stylistiques de Tlemcen, Alger et Constantine. Des creusets dépositaires des héritages arabo-andalous de Séville, Grenade, Cordoue, constitués entre le VIIIe au XVe siècles au sein de cours royales et de cénacles intellectuels. Musulmans et Juifs, y célébrant l’amour courtois et de l’élan vers le Divin.
Au départ, il y a l’ambition de Mehdi Haddab, artificier franco-algérien de l’oud électrique, de croiser la note et l’inspiration avec Cheikh Hamdi Benani, maître du malouf annabi, grandi dans une famille riche d’artistes (un père peintre ; un oncle et un arrière grand-père, pointures du malouf), digne humaniste de la cité de Saint-Augustin, El Ghriba et Sidi Bou Merouane. Affaire de curiosité, d’intuition. Une rencontre suscitée par David Queinnec, alors directeur l’Institut français d’Annaba, favorise le projet.
Les deux musiciens sont vite sur la même longueur d’onde. « Ca a tout de suite matché entre nous » en convient le fondateur de Speed Caravan. Lui restait à choisir les pièces pouvant susciter une relecture audacieuse d’un legs. Cette ambition n’est pas pour déplaire au cheikh, féru d’impro et cinéphile fan d’Eddie Constantine. Au long de sa carrière n’a t’il pas endossé le costume de rénovateur et défrisé certains « puristes » ? Un choix est fait, mosaïque de morceaux classiques plutôt instrumentaux, de pièces courtes, de chansons, et d’une longue suite choisie pour sa temporalité. L’enjeu ? Trouver des propositions, des alliages sonores inédits, relire un répertoire patiné, en quelque sorte lui conférer une nouvelle attractivité. Un travail de reformulation auquel « L’Ange blanc du malouf » (en référence à son costume et son violon blancs) donne son aval avant qu’une tournée en Algérie n’éprouve la pertinence du tout. Le projet d’un disque suit naturellement. L’équipage embarqué est de haute tenue. Hamdi Benani est entouré de musiciens dans lesquels il a confiance. Pour sa part Mehdi Haddab amène des complices habitués à ses prises de risques. L’esprit du malouf peut dès lors s’exprimer. Et de fait, dans cette alliance il respire, prend ses aises, adopte des couleurs pop, s’offre des riffs bluesy, bref une contemporanéité.
« Hosn el Habib » (Le charme de l’être aimé) ouvre l’album. Dans les années 70, Hamdi Benani avait déjà interprété cette chanson sentimentale selon une version « moderne », avec orgue Hammond et batterie. Y voir clairement un hommage sans nostalgie à « Bône la coquette » et sa célèbre douceur de vivre. Le morceau se concluant par petit clin d’oeil à Peter Frampton avec un « Oud Talk Box » selon un maqam Bayati. Suit « Ya nas jaratli gharaib », chanson populaire revisitée selon un arrangement rock qui adopte un accent celtique à la Idir. Avec « « Nemdah ouen ghoul », autre chanson fétiche, c’est clairement du côté d’Hendrix qu’on s’oriente. Ce hors-d’œuvre ouvrant sur « « Damai Jara » ( Mes larmes ont coulées), cœur de l’album. Cette pièce ample magnifiée par les grands représentants du genre dont Mohamed Taher Fergani et Raymond Leyris étant le terrain d’envol idéal pour une de ces performances psychédéliques énivrantes dont Mehdi Haddab a le secret, secondé ici par le slide d’un Serge Teyssot-Gay. Tout cela dans un respect scrupuleux de l’hétérophonie typique de la musique andalouse et de sa structure mélodique. Après ce morceau de bravoure « Jani Ma Jani », titre phare du cheikh, est cette fois chanté également par son fils. Y voir comme une passation de pouvoir ? Suit « Istikhbar Cheikh, L’inquiétant prélude », thème improvisé, qui introduit « Achek Mamhoun » (Je t’aime comme un fou). Soit la chanson d’amour avec un grand A, théâtralisée comme on l’aime de l’autre côté de la Méditerranée ! « Kursi Zidane », pièce classique instrumentale sur le mode Zidane, concluant façon Speed Caravan, c’est à dire échevelée, cet album étonnant. Un album qui l’est d’autant plus qu’un terrible évènement a suivi ces enregistrements. Hamdi Benani, cet ambassadeur jovial et humble du Malouf qu’il avait fait voyager à travers la planète (séduisant Mao Tse Toung, Castro, Senghor ou le public de la Sorbonne) s’en est allé à 77 ans, victime de la Covid. L’auteur de Bellah Ya Hamami ayant reçu peu de temps auparavant un vibrant hommage du Ministère de la culture algérien au Palais de la Culture et ayant été décoré des insignes d’officier des Arts et Lettres par la France. Une disparition qui fait de ce disque un album culte rappelant la jeunesse d’esprit d’un musicien toujours à l’écoute des autres. Un disque qui fait écho à ses propos quand d’aucuns, jadis, avaient réprouvé ses audaces orchestrales : « Ils croyaient que je touchais aux noubas, ce qui n’est pas le cas dans la mesure où je m’inscris dans le classique qui obéit aux règles qu’on n’a pas le droit de toucher ». Ajoutant : « Je leur ai dit que vous trompez, Messieurs, car un jour, vous serez d’accord avec moi ! ». Comme si la vie, lui avait donné raison.
Créations
Confluence#2. Le chant des sources
Isabelle Courroy
Buda Musique / Socadisc - 1 CD
La distribution de Confluence#2 - Le chant des sources est particulièrement étincelante. La présence de la voix y est centrale. Elle est magnifiquement incarnée Françoise Atlan, Katerina Papadopoulou, Mariyana Pavlova, Maria Simoglu et Gülay Haçer Toruk. Isabelle Courroy a puisé son inspiration dans les répertoires traditionnels d’Arménie, de Bulgarie, de Grèce et de Turquie. Elle a rassemblé dix thèmes choisis pour leur beauté mélodique. Qu’elles soient instrumentales ou vocales, toutes sont des joyaux, dont elle a distillé l’essence et pour lesquels elle a composé un nouvel écrin. Les arrangements accordent une place tout à fait particulière aux instruments à cordes (santour, lyre pontique, nyckelharpa, violon, violon ténor, viole de gambe, kanoun, harpe, tamboura, laouto, oud, mandole, et contrebasse) qui offrent, aux côtés des percussions (dafs, bendir, derbouka et tapan-daouli), une palette sonore d’une grande richesse. Au cœur de cette trame, les flûtes kaval d’Isabelle Courroy, apporte un souffle dont le caractère organique traverse l’ensemble des pièces.
Distribution :Françoise Atlan, chant - Mireille Collignon, viole de gambe -Isabelle Courroy, flûtes kaval - Shadi Fathi, dafs kurdes - Le chœur Estampes sous la direction de Philippe Franceschi - Patrice Gabet, violons - Spyridon Hallaris, kanoun - Christiane Ildevert, contrebasse - Ourania Lambropoulou, santour - Marie Domitille Murez, harpe - Katerina Papadopoulou, chant - Mariyana Pavlova, chant - Aliocha Regnard, nickelharpa - Lionel Romieu, tamboura, Oud, Mandole - Jérôme Salomon, bendir, derbouka, tombak, tapan - Maria Simoglu, chant - Sokratis Sinopoulos, lyre pontique - Kyriakos Tapakis, laouto, oud - Haçer Gülay Toruk, chant - Direction artistique, arrangements : Isabelle Courroy
Résumé des épisodes précédents
Dominique Cravic et les Primitifs du futur
Souffle continu Records - 1 CD
« On les surnomme les Primdufs. Ni Schtroumpfs ni Peuple des Cavernes, juste un joyeux collectif de musiciens qui n’ont pas les instruments dans leurs poches. Et qui vouent une passion irraisonnée à un genre musical qu’on pourrait croire obsolète, caduque et antédiluvien : la valse musette. Mais attention, rien à voir avec les flonflons égrillards des bals popus de sous-préfectures en goguette, pas plus qu’avec les trilles à papa des Horner et autres Verchuren de thés dansants. Non, là on parle du bal musette pas pour les mauviettes, du vrai, du viril, de l’authentique, de l’athlétique, qui faisait jadis guincher apaches et gisquettes sur les fortifs de Paname. A lire comme ça, on pourrait croire que les Primitifs du Futur, car c’est leur nom, s’amusent à minutieusement recréer façon musée poussiéreux les effluves festives d’antan. Pas que. Car si nos bons sauvages aiment à batifoler dans les années vingt parisiennes, ils ne répugnent pas à se frotter aux rythmes de la planète, rumba zaïroise ou jazz manouche, valse hindoue ou tango argentin, blues, paso doble ou chanson réaliste. L’histoire commence en 1986, lorsque Dominique Cravic, champion du ukukéké et guitariste émérite qui a fait ses gammes avec des jazzmen comme Lee Konitz ou Larry Coryell et a accompagné, entre autres, Georges Moustaki et Henri Salvador, rencontre le dénommé Robert Crumb. Oui, le légendaire auteur de bandes dessinées qui fit les beaux jours de la culture underground psychédélique des seventies yankees, le papa de Fritz le Cat et de Mr Natural en personne, le créateur aussi de la pochette du ‘’Cheap Thrills’’ de Janis Joplin. Crumb joue du banjo et de la mandoline, collectionne les 78 tours de blues, de jazz et de… musette. Les deux compères inventent aussitôt un orchestre au diapason, en compagnie de nombreuses pointures comme l’accordéoniste Daniel Colin, le clarinettiste Bertrand Auger, le saxophoniste Daniel Huck, le contrebassiste Jean-Philippe Viret ou la chanteuse Claire Elzière (sorry, impossible de les citer tous). Tout ce beau monde a enregistré quatre albums depuis 1986 (aux pochettes dessinées par Crumb), dont certains avec la participation d’invités comme Pierre Barouh, Jean-Jacques Milteau, Allain Leprest, Sanseverino ou Olivia Ruiz. Depuis trois décennies, les Primitifs du Futur portent la bonne parole du musette aux quatre coins du monde, de fiestas en festivals, et publient aujourd’hui un double vinyle, intitulé Résumé des épisodes précédents et rassemblant le meilleur de leurs aventures. Un cocktail rafraîchissant et ragaillardissant de ‘’world tribal musette’’, comme ils disent, qui, par ces temps électro-numériques, fait l’effet d’une véritable cure de jouvence, une potion swing aux effets magiques. Les Primitifs du Futur ou le retour en avant ».
Les sentiers partagés
Soïg Sibéril
Coop Breizh - 1 CD
« Il nous manquait une aventure jamais encore partagée, comme la réalisation de cet album dans lequel j’allais intervenir comme musicien, bien sûr, mais aussi comme arrangeur et « entremetteur » pour créer des rencontres et des passerelles entre la musique de Soïg et celle d’autres artistes à l’identité forte. Cet album est allé plus loin que mes espérances : il est plein de musique et de générosité. L’âme celtique de Soïg a pu rencontrer d’autres âmes, qu’elles soient manouches, hispaniques, jazz ou classiques, et sa guitare d’autres instruments que l’on n’entend jamais dans la musique dite celtique et, pourtant, quand on écoute l’album, tout semble tellement évident et naturel » dit le guitariste Jean-Félix Lalanne qui a présidé la réalisation de ce disque.
Depuis ses débuts sur scène en 1975 avec le groupe Sked, Soig Siberil a fait du chemin, que ce soit au sein des nombreux groupes auxquels il a participé (Kornog, Gwerz, Pennoù Skoulm, Den, Kimiad ) ou avec quantité de musiciens (de Laurent Jouin à Etienne Grandjean en passant par Alain Genty, Tony McManus ou Dan Ar Braz)
Sur ce douzième album solo, déjà, Soïg s’est entouré d’une pléiade de musiciens de talent. Hormis J.F. Lalanne, on y croise d’autres guitaristes : Patrice Marzin, dans le studio duquel l’album a été enregistré, Jean-Marie Écay, Gwen Cahue et Samuelito, ainsi que Cécile Bonhomme à la harpe, Yohna Lalanne au violon, Pascal Reva au cajon, Kevin Reveyrand à la basse et Balthazar Naturel au cor anglais.
Sur ces 15 morceaux, Soïg a puisé dans son riche répertoire et en a extrait quelques perles, certains titres anciens – Al Lizher – d’autres plus récents tel Les sentiers partagés qui donne son titre à l’album. On navigue de la Bretagne – Le Korong, Le Yeun, Au pays Fañch – à la Galice et aux Asturies – Le Sud – ou à l’Irlande – Saint Patrack.
Varka
Dafné Kritharas
Lior Éditions / Orkhêstra International - 1 CD
Née en 1992 à Paris d’un père grec et d’une mère française, Dafné Kritharas puise son inspiration au carrefour de l’Orient et de l’Occident. Bercée dès son plus jeune âge par les chants judéo-espagnols qu’interprétait sa cousine, la violoncelliste Bahia El Bacha, et les Rebetika, le chant comme mode d’expression de l’intime s’est très tôt imposé à elle comme une évidence. Adepte du croisement des styles et de la transmission des chants par tradition orale, elle parcourt les Balkans, la Grèce et la Turquie pour s’imprégner de différents répertoires linguistiques, au fil de road-trips musicaux qu’elle partage avec le guitariste, auteur-compositeur Paul Barreyre et avec le pianiste et compositeur, Camille El Bacha.Dafné Kritharas puise son inspiration dans un répertoire né de la convergence des cultures ayant cohabité pendant quatre siècles sous l’Empire ottoman : chants grecs, sépharades, bosniaques, arméniens, turcs…
Ce deuxième album, Varka, réunit des musiciens de divers horizons et donne un nouveau souffle à ces chants oubliés.
Livres
Folksong
Jacques Vassal
Les Fondeurs de briques
Responsable de la rubrique "Les fous du folk" au mensuel Rock&Folk, Jacques Vassal était la personne idéale pour rédiger cette monumentale somme historique autour de la musique folk dans le monde anglo-saxon. Paru une première fois en 1971, le livre sera publié en anglais en 1976, avant de faire l’objet d’une nouvelle édition en 1984. Cette édition est la forme actualisée définitive de cet ouvrage. Le livre est découpé en 11 chapitres, depuis les racines indiennes, noires et blanches du folklore en passant par quelques figures essentielles comme Woody Guthrie, Joan Baez ou Bob Dylan, la scène des années 1960 et 1970, ses prolongements dans le monde anglo-saxon (Canada, Grande-Bretagne, Irlande) jusqu’aux artistes actuels de l’americana. Il offre un panorama unique tissant les liens entre histoire, peuple & musique à travers la chanson folk. Reposant sur une connaissance intime de l’œuvre discographique des artistes, que l’auteur a souvent rencontrés en tant que journaliste et vus en concert, Folksong est constitué d’une multitude de destins, de carrières complètes ou plus éphémères, de parcours de musiciens & musiciennes en résonance avec leur époque, qui toutes & tous ont apporté leur pierre à l’édification du répertoire folklorique. Cet ouvrage a été réalisé avec l’aide de la région Occitanie.
Dans les années 1960 et 70, « Folksong » était le terme désignant un genre musical, venu des États-Unis d’Amérique mais aussi des îles Britanniques et d’autres pays anglophones. Le genre se distinguait - et, souvent, se revendiquait - par son goût des mélodies accompagnées le plus souvent à la guitare « sèche » (ou acoustique, et non électrique), au banjo, au violon, à l’harmonica, du chant à la ligne claire et des textes issus de la tradition orale (ballades, marches, valses, voire berceuses), souvent arrangés ou réécrits « à la manière de » et même, carrément créés par des auteurs-compositeurs, des « ongwriters » se réclamant peu ou prou de cette même tradition. Un versant de ce répertoire était fortement imprégné par le blues des Noirs américains.
La politique des tambours. Cultures populaires et contestations postcoloniales en Martinique
Lionel Arnaud
Karthala
Le bèlè, le danmyé et la kalennda sont des danses et des musiques héritées de l’Afrique noire, de l’influence européenne et des contraintes du système esclavagiste qui font l’objet d’une attention renouvelée en Martinique. Associations et militants y entreprennent de faire passer ces pratiques du statut de « folklores » méprisés à celui d’instruments de reconnaissance politique, sociale et culturelle. Depuis plus d’un demi-siècle, les habitants de « Bô Kannal », l’un des quartiers les plus défavorisés de Fort-de-France, ont ouvert cette voie en faisant du carnaval un instrument de visibilisation, de promotion et de réinvention culturelles. Mais comment comprendre qu’un groupe apparemment démuni et constitué d’individus au statut précaire soit parvenu à développer une mobilisation culturelle longue et intense, à l’écart des institutions ?
Pour explorer les ressorts de cette énigme, ce livre s’appuie sur une étude serrée des acteurs et des pratiques de l’association Tanbo Bô Kannal (TBK). De 2011 à 2018, Lionel Arnaud a observé de l’intérieur les moyens concrets mobilisés par les membres de TBK pour résister à l’emprise culturelle de la société dominante. En plongeant le lecteur dans l’histoire, l’espace de vie et les modalités d’organisation de ces militants par la culture, il montre comment les obstacles à l’agir culturel peuvent se muer en véritables incitations au changement social.
Lionel Arnaud est professeur des universités en sociologie à l’Université de Toulouse et membre du Laboratoire des Sciences Sociales du Politique.
Films
The Rumba Kings
Un film d'Alan Brain et Monica Carlson
Shift Visual Lab
The Rumba Kings célèbre la quête épique de la République démocratique du Congo, une nation africaine qui a combattu l’oppression coloniale, trouvé la liberté et forgé une nouvelle identité à travers la musique. Dans les années 1950, alors que la République démocratique du Congo était une colonie belge, avec sa capitale Léopoldville - face à sa jumelle Brazzaville - une génération de musiciens a fusionné les rythmes traditionnels africains avec de la musique afro-cubaine (Cha- Cha, Montuno, Bolero), et créé le syncrétisme électrisant de la rumba congolaise. Un genre qui portera le Congo vers son indépendance, avant de conquérir tout le continent africain avec son groove contagieux.
Au moment où la rumba congolaise se voit inscrite au patrimoine immatériel de l’UNESCO, ce film riche en archives et en témoignages rend un bel hommage à l’âge d’or de cette bande-son des indépendances africaines.
Alain Brain a travaillé plusieurs années pour l’ONU à Kinshasa. Il a pris le temps d’enquêter et de questionner les protagonistes de cette histoire passionnante.
In Memoriam
In Memoriam
Tran QUANG HAI (Vietnam)
Petru GUELFUCCI (Corse)
Sabah FAKHRI (Syrie)
Jean-Marc JACQUIER (France)
Etienne MAYERAT (Suisse)
Christian LEDOUX (France)
Pandit Rajan MISHRA (Inde)
Jivan GASPARYAN (Arménie)
Angélique IONATOS (Grèce)
Yahyâ AL-NÛNÛ (Yemen)
Giancarlo SICILIANO (Italie)
Milena SAVINI (Italie)
Speranta RADULESCU (Roumanie)
René ROBERT (Suisse)
Monique BLIN (France)
Osvaldo PEREDO (Argentine)
Julos BEAUCARNE (Belgique)
Maurizio MARTINOTTI (Italie)
Chris BOYER (France)
Amobe MEVEGUE (Cameroun)
Nobesuthu MBADU (Afrique du Sud)
Norma WATERSON (Angleterre)
Bunny WAILER (Jamaïque)
Jacob DESVARIEUX (France/ Guadeloupe)
Thione SECK (Sénégal)
Lee « SCRATCH » PERRY (Jamaïque)
Johnny PACHECO (République dominicaine)
Elza SOARES (Brésil)
Lata MANGESHKAR (Inde)
Jean-Loup BALY (France)
Paddy MOLONEY (Irlande)
Tony MAC MAHON (Irlande)
André SAKELLARIDES (France)
Joe BURKE (Irlande)
Isabelle DORDHAIN (France)
Al COLOMB (France)
Jean BONA (France)
Carlos DO CARMO (Portugal)