Les chroniques primées 2021-22

Voici les chroniques lycéennes primées édition 2021-2022 :

1) Lylou Lacombe, Lycée Jean Moulin de Pezenas sur L Raphaëlle Lannadere

Qui est l’étincelle ?

L se rebelle pour la cause des femmes !
Raphaëlle Lannadère, alias L, née en 1981, est une auteure, compositrice et interprète française qui ose « lever son poing ». L s’inspire des polyphonies tsiganes, corses et bulgares, mais aussi du gospel et du fado, un genre musical portugais, mais également des chanteurs et chanteuses de la variété française comme Jacques Brel, Léo Ferré, Edith Piaf ; Raphaëlle réalise son premier EP Premières lettres en 2008 avant quatre autres albums. La chanteuse se démarque des autres artistes avec ce mélange de cultures et d’inspirations.

Dans son dernier album Paysages, Raphaëlle Lannadère choisit des mélodies plutôt calmes et tranquilles, en contraste avec le texte de L’étincelle. Ce texte rend un hommage à Adèle Haenel, l’actrice victime d’agressions sexuelles. Dans chaque couplet et même dans les refrains, on retrouve le prénom Adèle : « Adèle est un soleil », « Adèle parle pour toi ». Raphaëlle veut montrer à travers sa chanson le courage qu’a eu Adèle en témoignant pour dénoncer les attouchements d’un réalisateur alors qu’elle était toute jeune. C’est le début du mouvement « #MeToo ». L montre Adèle comme la porte-parole, elle sort les femmes de l’ombre avec audace et héroïsme ; c’est son idole, son étincelle. Le clip illustre cette idée en montrant un groupe de femmes féministes militantes qui veulent absolument « faire bouger les choses » et s’entraider. Toutes sont des étincelles.
Quant à la musique, elle nous frappe dès qu’on l’entend. Personnellement, je n’ai pas vraiment écouté les paroles durant la première écoute, j’étais tellement captivée par la mélodie ! On entend principalement du violon et des mains qui tapent entre elles. Au fil de l’écoute, le rythme et la musique s’accélèrent et s’intensifient. Le texte suit la mélodie puisque Raphaëlle Lannadère exprime son ambition et sa volonté de s’imposer en tant que femme et de plus en plus. Elle hausse le ton et la musique l’accompagne. Cela nous donne à nous aussi l’envie de nous lever et de « changer le monde » pour les femmes.
Sa voix soprano, douce et mélodique s’accorde parfaitement avec l’image de la jeune femme timide qui s’affirme enfin.

J’ai trouvé cette chanson très touchante et forte, elle est remplie de caractère et de détermination ; de plus, le sujet traité n’est pas forcément facile à aborder dans une chanson mais Raphaëlle a su admirablement lier son grain de voix doux et « accrocheur » à ce thème si dur.

Alors, serez-vous la prochaine étincelle ?

2) Nina Laamech, Lycée Joseph Vallot de Lodève sur Daniel Jea

MERCI DE NE PAS LIRE CETTE CHRONIQUE !

Daniel Jea, qui n’a pas sa langue dans sa poche, sort une chanson détonnante à un pas de la perfection. Comment ne pas être sous le charme ?
Daniel Jea est un auteur-compositeur-interprète français. Il fait ses premiers pas dans le rock, la pop, l’électro et ces dernières années dans la chanson française. Il est devenu depuis 20 ans un musicien courtisé pour son jeu de guitare sensible. C’est en 2021 qu’il intègre les Chroniques Lycéennes pour sa chanson “Ne pas” de l’album En suspens.

Sa chanson “Ne pas” décrit pas à pas la gestion de la pandémie covid depuis deux ans, qui a laissé place à de nombreux traitements injustes de la part de nos dirigeants. Daniel Jea écrit et chante toute la souffrance qu’il a ressenti durant cette période. Il évoque le mépris des politiques envers la population qui ont imposé des règles discutables, réprimé toute protestation par la violence policière, infantilisé et culpabilisé la population sans son avis et sans aucun respect des règles démocratiques. Ce qui a généré une colère extraordinaire. Les Français ont juste été invités à obéir, ils ont été invités à la passivité, ils ont été mis au pas…

Les phrases du texte sont assez courtes et percutantes. L’auteur utilise principalement l’anaphore “Ne pas” sur la première moitié de son texte. Il abuse également de la répétition de la négation “Ne pas” mais aussi du mot “mal” pour rappeler tous les interdits et les violences subies. L’auteur utilise ensuite un langage très enfantin et familier. Il fait référence à “papa” (ou “pas pas”) et montre comment la société a été infantilisée durant cette période. Le texte s’ouvre vers la fin pour nous proposer de nous libérer “au pas” de ce mauvais pas ! L’expression “au pas” fait référence aux militaires qui favorisent le groupe au détriment de l’individu... L’auteur nous invite à changer de pas, à nous unir pour sortir de ce faux pas. Le changement de disque fait référence au changement de gouvernement avec des élections présidentielles qui approchent à grand pas.

Le style musical de la chanson est du rock (batterie, synthétiseur, percussions) avec l’accompagnement d’un chœur. Ce style se prête particulièrement à des musiques engagées. D’ailleurs, cette musique marche sur les pas tracés par des groupes tels que Téléphone ou Noir Désir. La musique est très percutante et dynamique. Nous sommes matraqué à chaque pas durant la première partie de la chanson par tous les interdits mais à la fin l’espoir renaît. Même si le dénouement n’est pas négatif, cet ascenseur émotionnel est assez éprouvant.
Le seul faux pas reste le phrasé du chanteur qui utilise un ton assez neutre, là où s’attend à un cri du cœur. Cela porte à confusion sur le message qu’il souhaite faire passer. Alors Daniel Jea, on a peur d’avoir mal, mal, mal ?

3) Louise Saliot Renon du Lycée Victor Hugo de Marrakech sur Hélène Piris

HÉLÈNE PIRIS

Égalité des chances (et ta sœur)

Ne touche pas à mon égalité des chances !
Vous connaissez sûrement cette impression révoltante. Cette sensation que toutes les
inégalités, toutes les haines sont acceptées et tolérées dans notre société. Que d’après
elle, nous n’avons pas tous les mêmes droits. Que nous n’avons pas tous notre place.
Si la plupart des gens ne disent rien, par indifférence ou peur d’intervenir, ce n’est
pas le cas d’Hélène Piris, jeune chanteuse qui, elle, a décidé d’utiliser son talent pour
tout dénoncer à travers ses mélodies.

Hélène porte la musique dans son cœur depuis son plus jeune âge. Les notes de
musique ont bercé sa jeunesse ; et alors qu’elle n’est qu’au lycée, elle commence à
partager son talent sur scène, en composant elle-même ses propres chansons. Une
vraie passion ? Oh que oui ! Car seize ans plus tard, après avoir fait ses études aux
conservatoires de Lyon et de Villeurbanne, elle sort son deuxième album “Non mais
on va s’en sortir”. La jeune drômoise, encore plus motivée, y mobilise toute son
énergie pour offrir à son public un album au style nouveau, faisant passer des
messages engagés par la vibration de sa voix, le tout agrémenté d’une dose
d’humour.

Dans la chanson “Égalité des chances (et ta sœur)”, qui fait partie des quatorze titres
de l’album, la chanteuse se plaint à travers ses textes. Elle se plaint, elle se révolte
contre ces discriminations qui pèsent sur notre société. Pourquoi une simple couleur
de peau, orientation, richesse ou état de santé influeraient sur nos droits ? Pourquoi
ces discriminations finissent-elles par devenir aussi “normales” ? La musicienne
explore tous les sujets. “Mieux vaut être un français bien blanc”, “c’est quand même
vachement mieux d’être hétéro”, clame-t-elle. Toute la chanson est tournée ainsi.
Comme si toutes ces inégalités étaient tellement courantes qu’elles en devenaient des
principes, des lois. Ses phrases sont simples et sensées, et frappent l’esprit de leurs
sens dès le début de l’écoute, et ses notes résonnent mélodieusement.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, Hélène ne chante pas d’une voix forte et
révoltée mais d’un ton aussi doux et posé que sa mélodie, au tempo lent et aux
nuances douces, accompagnée de percussions, trompette et enfin le violoncelle, cet
instrument qui ne quitte jamais Hélène.

En entonnant ses airs d’une manière aussi tranquille sur un thème aussi dur qu’est la
discrimination, la musicienne crée un contraste étonnant qui rejoint l’idée de chanter
comme si toutes ces injustices étaient devenues presque normales dans notre société,
pour mieux les dénoncer. Elle conclut en nous confiant son envie que les gens qui
souffrent de discrimination puissent s’exprimer comme ils le souhaitent au regard de
tous. Sans la moindre honte. Quelque part, avec cette chanson, Hélène nous rappelle
que peu importe nos origines, notre richesse, notre orientation, nos goûts ou nos
couleurs de peau, nous avons tous les mêmes droits ! Tous notre place dans ce monde
 !

Que nous sommes tous uniques et tous pareils, finalement. Et ce, malgré nos
différences !